Shana Elizabeth Tucker

_ Chacun son histoire »_

Je suis la suite logique d’une parfaite histoire écrite comme du papier à musique. Shana Elizabeth Tucker, la preuve vivante de la perfection dans laquelle vivent Clarence et Esther Tucker. Mon Destin, comme celui de mes parents, est déjà tracé : Ma naissance n’était pas un hasard, elle était programmée ; je devais naître environ un an après le mariage de mes parents. J’étais fiancée à un parfait inconnu avant même d’être née. J’étais inscrite dans les meilleures écoles et universités du pays avant d’être conçue. J’ai l’interdiction formelle de fréquenter des gens de « classe inférieure » … Mais je ne vais pas me plaindre, car même si j’ai perdu ma liberté à l’instant où j’ai pointé le bout de mon nez, j’ai toujours eu tout ce dont je rêvais, quelqu’en soit le prix. Je ne peux pas me plaindre d’avoir des parents qui sont de hauts dirigeants d’entreprises et de venir d’une famille aisée. Je n’ai pas le droit de me plaindre car certaines personnes tueraient pour être à ma place. Je ne suis pas une éternelle insatisfaite qui ne se contente jamais de ce qu’elle a et puis je ne voudrais en aucun cas blesser ma famille en critiquant leurs choix.
Comme prévu, un an et douze jours après avoir juré amour et fidélité à mon père, ma mère m’a donné la vie dans la plus prestigieuse maternité de Londres. Le choix de mon premier prénom a été assez délicat mais ils ont finalement opté pour Shana, prénom peu courant que j’aime beaucoup. Le second a toujours été une évidence : Elizabeth, qui est le prénom de ma grand-mère paternelle. Je ne peux pas dire que j’ai manqué d’amour, même si le mariage de mes parents ne reposaient pas sur une magnifique passion, ça n’empêchait pas que j’étais leur fille et qu’il m’adorait pour ça. Jamais mes parents se sont déchirés devant moi, ils se sont disputés, parfois, mais je n’ai jamais entendu une porte claquer. Je ne regrette pas d’être venue au monde, je n’ai jamais souhaité vivre dans une autre famille que la mienne. Il y a des inconvénients, bien sûr, mais je crois qu’il y en a partout.
J’étais une enfant sage et intelligente alors tous mes professeurs faisaient mon éloge et mes parents étaient très fiers de moi. Ils me voyaient déjà devenir une grande avocate ou une excellente médecin. J’avais quelques amies, des filles de la « haute société », évidemment. Enfin je ne sais pas si on peut appeler ça des amies, je les appréciais, bien sûr, mais je les voyais surtout parce que nos parents se connaissaient. J’aurais aimé pouvoir aller jouer au parc avec tous les autres enfants mais je n’en avais pas le droit, ma mère avait trop peur que je me lie d’amitié avec quelqu’un dont les parents n’avaient pas un compte en banque aussi rempli que le notre. Je ne lui en veux pas, elle ne voulait que mon bonheur.
Après l’enfance, vient le temps de l’adolescence. Mes « années collège » se sont plutôt bien passées, j’étais dans un établissement très bien réputé et j’étais une de celles que l’on peut appeler « populaire ». Je m’en fichais pas mal, du moment que je savais sur qui compter, les autres n’avaient pas d’importance, même si mes parents voulaient que je sois assez sociable pour que tout le monde ait une bonne image de moi. Je ne crois pas qu’il y ait beaucoup de choses à dire sur ça, je n’ai pas fait de crise d’adolescence, je ne fumais et ne me droguais pas, j’étais plutôt jolie et mes notes me donnaient accès à tous les lycées que je souhaitais. Mais cette au collège que je me suis rendue compte à quel point j’avais besoin de dessiner, c’en était presque vital. Et ce fut là le seule événement marquant de cette époque : la découverte de ma passion pour le dessin.
Ensuite il y a eu le lycée. C’est à cette époque que j’ai eu mon premier petit ami. Mais peut-être devrais-je dire que c’est à cette époque que ma mère a décidé qu’il était temps pour moi de trouver chaussure à mon pied. Ça n’a pas marché, évidemment, elle le trouvait parfait, je le trouvais trop parfait. Je ne suis pourtant pas très exigeante, je voulais juste que le garçon à qui je donnais le droit de poser ses lèvres sur les miennes soit un minimum à mon goût, ce qui n’était pas le cas.
Vient maintenant la partie la plus intéressante : l’université. La perspective de pouvoir goûter aux joies de la vie d’étudiant est toujours très excitante. J’ai choisi Oxford, mes résultats scolaires me le permettait aisément alors je n’ai pas longtemps hésité. Et je réalise maintenant que c’est le meilleur choix que je pouvais faire. Pourquoi ? Et bien la raison n’est pas très difficile à trouver ; un garçon. Mais ce n’est pas n’importe lequel de ces minis-hommes qui se prennent pour les rois du monde parce qu’ils ont de l’argent. Non, il n’a même pas beaucoup d’argent. Il s’appelle Kyle et je crois que c’est la première fois que je m’attache à ce point à quelqu’un que ma famille n’acceptera jamais. On pourrait presque dire que nous sommes comme Roméo et Juliette, la seule différence est qu’il n’y a que ma famille qui est contre cette histoire. Je l’aimais vraiment, et je crois que c’est encore le cas, mais je ne me sens pas capable d’affronter mes parents. C’est terriblement difficile d’avoir à choisir entre la personne qui fait battre votre cœur et tous les gens qui comptaient plus que tout au monde avant que n’arrive cette personne. Parfois je me demande ce qui serait advenu si ce foutu incendie n’avait pas eu lieu. Contrairement à mes parents, ça ne me dérange pas de devoir étudier avec des élèves qui ont moins d’argent que nous mais s’ils n’avaient pas été obligés de venir ici, je n’aurai jamais rencontré Kyle ou alors je n’aurai pas fait attention à lui. Ça aurait été un mal pour un bien, je veux bien le croire, mais je n’aurais pas été déchirée à ce point.

_ Méchante ou Gentille ? _

Shana est une jeune fille très douce. On pourrait parfois la comparer à une petite maman, il est vrai qu’elle a la douceur d’une mère. Tout en elle exprime ça, son sourire, ses yeux, sa façon de se déplacer, de marcher, ses mains … Quand on la regarde, on sait déjà qu’elle sera douce, avant même d’avoir entendu le son de sa voix, cette voix qui ne fera que vous conforter dans l’idée que vous vous faites d’elle. Certaines personnes pensaient qu’à cause de cette douceur, elle était naïve, ce qui est loin d’être vrai. Elle est très intelligente et jamais elle ne se laissera faire quand quelqu’un essayera de la déstabiliser. Shana est calme aussi, je crois qu’elle ne s’est jamais vraiment énervée, elle aurait put mais elle ne l’a pas fait, contre ces personnes qui pensaient qu’elles pouvaient faire d’elle ce qu’elles voulaient. C’est dans ses dessins qu’elle met toutes ses tensions, il n’y a que dans ses œuvres qu’elle se lâche enfin. Peut-être que si elle ne dessinait pas elle aurait plus de mal à contrôler la colère qui l’envahit parfois. Shana est aussi quelqu’un de très sensible, elle ne peut rester indifférente à ce qui se passe autour d’elle mais elle a aussi appris à ne jamais laisser ses sentiments prendre le dessus. Ce sont ses parents qui lui ont appris à toujours rester maître d’elle-même. Elle n’est pas froide pour autant, elle fait juste attention à ce que ses émotions ne prennent pas trop de place dans sa vie. Parfois Shana se voile la face, elle ne veut pas croire à certaines choses, comme lorsqu’elle est amoureuse, par exemple. Pourquoi ? Elle ne peut tout simplement pas faire ce qu’elle veut, elle ne peut pas tomber amoureuse de n’importe qui, il faut toujours qu’elle fasse attention à ce qu’elle dit et à ce qu’elle fait. C’est parfois très pesant pour elle et ses amis mais elle ne peut pas faire autrement.